Ordination presbytérale du séminariste Farid Merhej
De brillant ingénieur libanais à prêtre de l’église maronite en Égypte...
Telle est la parabole que le Seigneur a tracée dans la vie de Farid Merhej, jeune du Séminaire Redemptoris Mater du Liban qui, le 4 février dernier, a été ordonné presbyte. Farid est le dix-huitième séminariste de Beyrouth à recevoir l’ordre sacerdotal.
La fête pour son ordination a été un vrai marathon, et ce pendant au moins trois jours : samedi le 4, Farid a été ordonné dans la paroisse Saint-Michel, située dans le quartier de Chiyah, à Beyrouth. Tandis que dimanche le 5, il a célébré sa première messe dans son village natal, Majdal El Meouch, situé en montagne, à près d’une heure de voyage de Beyrouth. Enfin, lundi le 6, Farid a présidé une eucharistie au Séminaire pour les formateurs et les autres compagnons.
Le jour même de l’ordination, l’église Saint Michel débordait de monde : les amis, la parenté, les frères des communautés néocatéchuménales du Liban, mais aussi, et en grand nombre, des communautés de l’Égypte (où Farid exercera son ministère sacerdotal). Deux évêques étaient présents : l’évêque maronite du Caire, mgr Georges Chihane, qui a présidé la célébration, et mgr Paul Matar, évêque maronite de Beyrouth.
Il est aussi important de préciser que l’église Saint Michel ne se trouve pas située n’importe où dans la ville: localisée en effet dans le quartier de Chiyah, elle se trouve sur la “ligne de feu’’ de la guerre civile (témoin des combats sanglants qui eurent lieux entre 1975 et 1990). Avant la guerre, ce quartier était majoritairement chrétien, tandis qu’aujourd’hui y vivent surtout des musulmans chiites. Ici résonne le chant des muezzins qui appellent les fidèles à la prière. Il est également normal de rencontrer des femmes voilées se promenant avec leurs enfants ou bien de voir des drapeaux et images religieuses musulmanes exposés sur les bâtiments.
En face de l’église (derrière un jardin où se trouve une imposante statue de Saint Michel terrassant le démon) s’érige un édifice de trois étages, le seul dans le quartier qui porte encore les signes dévastateurs de la guerre civile : les crevasses provoquées par les coups de mortier lacèrent ses murs noircis par les brûlures, tout comme les perforations causées par des rafales de mitraillette. Et c’est justement ce ‘’monument’’ à la mémoire de la guerre qui, plaisant à Dieu, sera l’hôte du nouveau séminaire Redemptoris Mater du Liban. Les travaux ont commencé, une pelle mécanique dans le jardin prépare déjà le terrain.
Le rite de la célébration était émouvant et fascinant : au moment même de l’ordination, le siège de l’évêque fut porté devant l’autel, afin que tous les gens présents puisse voir et entendre tout ce qui allait se dérouler ; Farid s’est agenouillé devant le président qui lui a oint les mains du saint chrême. Puis après avoir endossé les habits liturgiques, le nouveau sacerdoce a porté en procession tout le long de la nef le calice et la patène, les tenant élevés au-dessus de sa tête, selon une antique tradition maronite. À la fin de l’eucharistie, une marée de gens a voulu saluer Farid et sa famille : l’enlaçant, embrassant ses mains, lui souriant. Le submergeant ainsi d’un fleuve d’affections et de prières. Au restaurant, là où parents et amis se sont retrouvés, la joie collective culmina par l’immanquable dabké, cette danse libanaise pleine de rythme et d’allégresse.
Le jour suivant, la fête s’est répétée : le village de Majdal El Meouch était orné de bannière à l’effigie de Farid, et dans la grande église dédiée à saint Georges une immense foule était présente : les scouts ont ouvert la procession, les amis ont lu les prières et les épîtres, tandis qu’un violonniste et un joueur d’oud, le traditionnel luth arabe, ont accompagné le choeur.
Au retour, dans le minibus du séminaire nous nous sommes égosillés avec un répertoire international : des tambours de la Côte d’Ivoire au rythme latin du Guantanamera, des classiques sentimentaux de la tradition égyptienne à l’hymne national italien de Goffredo Mameli.